Producteurs de mastic
{videobox}videos/mastixia_mp4_small.mp4|La production de mastic. Le nettoyage du sol autour de l’arbre, le répandage de terre blanche en dessous de l’arbre pour faciliter le ramassage du mastic et l "entaillage" de l’arbre pour que le mastic coule. {/videobox} | {videobox}videos/Mastixa_mp4_small.mp4|Le processus de la production de mastic. Le répandage de terre blanche en dessous de l’arbre pour faciliter le ramassage du mastic, l’entaillage de l’arbre pour que le mastic coule, son ramassage et traitement. Vidéo du canal local de Chios, TV Alitheia.{/videobox} | {videobox}sounds/Moustridis_Mastixoparagwgos.mp3{/videobox} | {videobox}sounds/Zervouli_Mastixoparagwgos1.mp3{/videobox} |
Chios et particulièrement les Villages de Mastic (Mastihohoria : Mesta, Kallimasia, Pyrgi, Olympoi, etc.) qui se trouvent au sud de l’île, revendiquent l’exclusivité mondiale de la culture et la production du mastic naturel. Bien que l’arbre à mastic, le lentisque, soit aussi spontané dans plusieurs endroits de l’île, et (comme l’affirment les habitants des villages de Mastic) des efforts de transplantation et cultivation aient eu lieu dans d’autres parties de la Grèce et à l’étranger (en France du Sud), c’est uniquement dans cette région particulière de Chios qu’elle donne un bon rendement en mastic, probablement grâce à quelque caractéristique particulière de la constitution du sol.
Certes, ce fait a influencé considérablement l’histoire économique, sociale et culturelle de l’île, car le mastic est utilisé comme matière première dans une grande série de produits, comme dans la cuisine et la pâtisserie, aux huiles essentielles et aux cosmétiques, même aux préparations pharmaceutiques. Pendant la domination des Génois, la “Maona”, compagnie de commerce qui occupait l’île, a accordé des privilèges spéciaux aux Villages de Mastic, mais a également imposé des peines lourdes concernant la distribution illégale de mastic. La même politique a été suivie par les Ottomans qui leur ont succédés. On dit aussi que le Sultan a racheté tous les prisonniers qui venaient des Villages de Mastic après le massacre de Chios (1822) et les a ramené à l’île, en vue de faire continuer la production de ce produit précieux.
Constantinople était un des plus grands centres de transit, d’ou les commerçants transportaient le mastic à l’Est et jusqu’aux pays Arabes. La production de mastic constituait une revenue supplémentaire des familles paysannes qui possédaient quelques parcelles de terre, tandis que la récolte et le traitement du mastic étaient des travaux familiaux et surtout féminins. Aujourd’hui, Chios exporte des quantités considérables de mastic aux marchés de l’Est et de l’Ouest. Le prix du mastic a augmenté considérablement par rapport au passé, et malgré le fait que, même aujourd’hui, il n’y a pas d’agriculteurs qui s’occupent exclusivement de cette culture, la relance du commerce du mastic par l’Union des Producteurs de Mastic a augmenté leur revenu.
Le mastic vient du tronc de l’arbre à mastic. Un arbre sain peut produire de 200 à 500 grammes au plus, tandis que son rendement dépend aussi de son age. La procédure est fatigante et pénible, car ces arbres sont assez fragiles et ont besoin de soin pendant toute l’année. Les travaux de la culture commencent en automne, et le labourage de la terre et l’arrachage des buissons et des mauvaises herbes se font pendant l’hiver pour que le champ des lentisques se maintienne en bon état jusqu’ au printemps. En mai, les cultivateurs commencent à “gratter le lentisque”, à savoir, curer le tronc des arbres à mastic. Cette procédure s’accomplit graduellement jusqu’ au début du juillet pour tous les arbres, en utilisant un outil qui s’appelle “amnia”. Le lentisque est un petit arbuste. Les cultivateurs essaient à donner à son feuillage la forme d’une ombrelle, pour qu’il retienne l’humidité en dessous donc empêchant le séchage de ses racines.
Au début du juillet, ils enlèvent les petites branches et les mauvaises herbes pour que le sol autour des arbres soit net et aplani. Par la suite, ils nettoient cet espace en dessous de l’arbre, qui s’appelle la “table”, avec un balai improvisé (godora) fabriqué de broussailles comme thym, sauges etc. Puis, ils jettent sur la “table” de la terre blanche (homatisma), trouvée dans des cavernes adjacentes, de façon que le mastic qui coulera du tronc des arbres reste clair et n’a pas de contacte avec des feuilles, des pierres ou de la terre brune qui peuvent le faire perdre sa limpidité et pureté.
Par la suite, les premières incisions (kenties) ont lieu. L’entaillage des troncs d’où le mastic coulera, est un travail pénible, car les incisions doivent suivre le cours des “veines vives”, qui “font lever la sève de mastic”, tandis que les producteurs de mastic travaillent penchés à cause de la petite taille des troncs. L’entaillage se fait aux mêmes arbres environ chaque trois ou quatre jours, pour sept à huit fois. Le nombre des incisions dépend de la taille de l’arbre. D’habitude, ils commencent avec quatre ou cinq incisions en bas, cinq ou six plus haut pendant l’entaillage suivant, six ou sept encore plus haut, jusqu’ à arriver aux branches. Cette pratique est transmise d’une génération à l’autre. L’outil qui était utilisé au passé s’appelait kentitiri.
Initialement, la sève du mastic est un fluide épais ressemblant à de la cire fondue, mais il durcit quand il tombe sur la “table” où de petits cristaux blancs se forment. Les meilleures pièces sont les “pâtés”, à savoir des grandes accumulations, grosses et blanches. Au contraire, quand le mastic est sali par de terre brune, il s’appelle anapinada, est considéré de mauvaise qualité et son prix est inférieur. L’entaillage s’arrête le 15 août, tandis que le ramassage commence quinze jours après, quand le mastic aura séché et mûri. En septembre, ils ramassent d’abord les grandes pièces (les “pâtés”) et par la suite les plus petites avec un outil comme une petite spatule (kamotiri). Au passé, ils les plaçaient dans des paniers traditionnels, les paniers à mastic (kafkia). Ensuite, la procédure du curage commence. Auparavant, les femmes se rassemblaient en groupes et mettaient une quantité de mastic dans une plaque de four d’où elles enlevaient les grandes pierres et par la suite elles tamisaient le mastic, pour ôter la terre et les plus petites pierres. À la fin, elles lavaient le mastic à la mer ou plus récemment dans un cuvier au savon vert.
Sources
- Interview de Maria Zerboudi [productrice de mastic], avec la participation de Giorgos Moustridis [collecteur des outils et connaisseur du mastic] et Theodosis Moustridis [ancien producteur de mastic, père de Giorgos Moustridis], aux arbres à mastic à Mesta, Chios, 11/07/2005
- Interview de Giorgos Moustridis [producteur de mastic] à Chios, 11/07/2005