Bâtiers
{videobox}videos/samarades_mp4_small.mp4|Présentation du processus de fabrication d’un bât. D’abord le plan et puis les divers outils du bâtier.{/videobox} | {videobox}videos/kapistras_mp4_small.mp4|Processus moderne de fabrication d’un bât avec un moule.{/videobox} | {videobox}videos/samaras_mp4_small.mp4|Présentation détaillée du processus de fabrication d’un bât. {/videobox} | {videobox}sounds/Karanikolas_Samaras.mp3{/videobox} | {videobox}sounds/Moutafis_Samaras.mp3{/videobox} |
Les bâtiers étaient des artisans qui fabriquaient des bâts, à savoir, l’harnachement des bêtes de somme. Les bâts servent de siège du cavalier ou/et pour l’attachement des fardeaux. Le métier du bâtier date presque du début de l’emploi des bêtes de somme (chevaux, ânes, mulets). C’était un gagne-pain et en même temps un art folklorique en ce qui concerne la décoration en bois sculpté des bâts. D’habitude, le métier du bâtier était transmis du père au fils et plus rarement c’était appris par un vieux maître aux apprentis (car en général les bâtiers travaillaient seuls).
La fabrication du bât avait six phases qui s’achevaient dans environ quatre jours. Pendant la première phase, l’artisan mesurait les dimensions de l’animal pour fabriquer son bât, qui devait être plus large (de quatre doigts) que les flancs de l’animal pour ne pas le gêner. Par la suite, il coupait les pièces de bois en forme convenable pour la fabrication de l’arçon du bât. En troisième phase avait lieu le montage des pièces de bois du bât: d’abord s’affermaient les traverses de base (kentekia) qui liaient la partie avant (nomos) et la partie arrière et puis, les traverses du milieu et supérieures (skarvelia ou planetes) qui refermaient et consolidaient l’ attachement des deux parties. Les traverses supérieures (planetes) font saillie du pommeau et ils avaient un cran, pour accrocher les fardeaux, tandis qu’il y avait des crans respectifs au troussequin.
Dans la quatrième phase ils coudraient le feutre (une étoffe de cheveux de chèvre qui couvrait l’intérieur du bât) avec le cuir, ils le fixaient sur l’arçon et le bourraient de paille (plus à la partie avant et arrière où les fardeaux s’attachaient et moins au centre afin de ne pas alourdir l’échine de l’animal). Pendant la cinquième phase, ils décoraient la partie avant et arrière du bât avec des dessins gravés sur le bois et mettaient des perles, des clous décoratifs etc. Ils finissaient en le teintant.
Quand les bâts s’étaient cassés quelque part, ils les réparaient ou comme ils disaient les “rapiécaient” en mettant des pièces de tôle sur les parties cassées, et chaque cinq ou six ans ils remplaçaient le feutre et mettaient de la nouvelle paille car elle s’usait.
Les outils principaux du bâtier étaient: la scie, le hache, le marteau, les ciseaux à bois, le rabot, le tarière, les ciseaux, le carrelet, le biseau (outil pour faire des coupes) etc., tandis que ses matériels étaient du bois (notamment du bois de noyer ou platane – solide mais aussi lourd, ainsi que du bois de saule ou mûrier – plus léger mais moins solide), du cuir, du feutre, de la paille, de grands clous pour fixage et de plus petits pour la décoration, de la ficelle, du vernis, un pinceau et des perles.
Dès l’apparition des voitures, la nécessité de l’existence des bâts – et donc des bâtiers a cessé. Aujourd’hui à Chios (mais) aussi à Lesvos il y a un très petit nombre de bâtiers qui s’occupent notamment de la fabrication des bâts décoratifs.
Sources
- Interview de Apostolos Karanikolas [bâtier et chantre], à Mandamados, Lesvos, 23/07/2004
- Interview de Haralambos Kyriazis [bâtier] à Plomari, Lesvos, 24/01/1996, dans le cadre de l’implémentation du programme “L’Arche de l’ Égée”, sous la coordination de S. Chtouris
- Interview de Thomas Moutafis [bâtier] à Volissos, Chios, 11/07/2005
- H. Paraskevaïdis, La Vieille Agia Paraskevi de Lesvos: des analectes historiques, généalogiques et folkloriques, Centre Culturel de la communauté d’ Agia Paraskevi de Lesvos, Athènes – Agia Paraskevi, 1991
- D. Sklepari, «L’art folklorique et les Bâts», Mytilini, Volume Α, “Theofilos” Association des amis des arts de Mytilène, Mytilène, 1984